Là où la singularité
française apparaît nettement, c’est au sujet de l’« autonomie » car les
salariés français sont les plus nombreux à mettre en avant cette dimension
comme une des priorités de leur entreprise : 38% contre 4% pour les Allemands,
6% pour les Américains, 8% pour les Britanniques. Ne pas dépendre des autres,
rester libre de ses choix, développer le libre arbitre, faire preuve d’originalité
individuelle, voilà qui façonne les mentalités et les comportements de
l’enfance à l’âge adulte. L’autonomie est une valeur importante inculquée à la
fois en famille et à l’école.
Or, l’entreprise continue à
fortement exiger de l’autonomie de la part des salariés, ce qui est paradoxal
car l’autonomie semblait une valeur fondamentale de la société française : à
quoi bon l’exiger si elle va de soi ? C’est que justement, elle ne va pas
de soi comme pour les Américains. Pour les Français, elle est toujours
problématique. C’est le deuxième paradoxe : comment être autonome au sein d’une
structure fortement hiérarchisée ?
Il en résulte une double déconnexion néfaste pour les relations de
travail : déconnexion du salarié par rapport à son supérieur hiérarchique,
déconnexion par rapport à ses collègues. Alors que pour les 16 pays étudiés le
score moyen est de 75%, celui de la France n’est que de 60% à l'affirmation :
"Quand j'ai un problème, j'en parle à mon supérieur". L’autonomie
pencherait dangereusement vers une forme de solitude … Il y a là un facteur de
risques pour le salarié, mais aussi pour l’entreprise. Enfin, à l'affirmation
"Mon entreprise attend de moi un esprit d'équipe", le résultat de la
France est de 26% alors que le résultat moyen est de 38%. Nos entreprises sont
comme notre école : un environnement qu’ont en partage des individus autonomes
avec de faibles interactions entre eux.