Ce qui différencie une
organisation qui a vécu une crise d’une autre est que la première prépare la
prochaine crise. Cette sentence exprime les difficultés éprouvées dans la
construction d’un système de gestion de crise. Face aux objectifs imminents,
infiniment urgents, la possibilité d’une crise semble souvent lointaine. Les
organisations peinent à se projeter dans un avenir trouble.
D’où peut venir l’absence de
volonté des organisations à se préparer à subir une crise ? Nous pouvons la
résumer en une phrase : l’attitude managériale fondée sur la certitude d’un
optimisme indépassable, et en un mot : le winner, le gagnant, maître de la
performance.
Cette difficulté d’accepter
la possibilité d’une crise coïncide avec le refus d’entrevoir les ruptures qui
se créent dans les organisations, la difficulté de maîtriser des cycles de
production, le dérèglement des individus soumis au stress. Difficile
d’envisager un futur …
Il est inutile de vous le cacher : les crises ont une imagination
débordante qui submerge les entreprises et les organisations. Elles sont des
fabriques du réel qui inventent de l’inconnu à partir du connu. Au dictionnaire
managérial (signaux faibles, plan de continuité d’activité, résilience,
empathie, media training, …), il faut ajouter deux mots : modestie et
humilité.