Sommes-nous tous condamnés à devenir bêtes à cause d’Internet, et les jeunes encore plus que nous ?
[Le] point de départ est une désillusion. 15 ans après l'arrivée d'Internet au cœur de nos vies, l'optimisme a laissé place au cynisme, on ne croit plus vraiment qu'Internet soit l'outil d'émancipation de la connaissance : trop de bêtises, de conspirationnisme, de pubs etc. D'où une alternative : soit en effet, Internet nuit au savoir (...) et on est voué à la bêtise. Soit Internet a tant transformé la connaissance elle-même au point que nous ne savons plus la reconnaître là où elle se trouve.
(...) Ce que nous a appris Internet, c'est que l'humanité ne se mettra jamais d'accord sur rien. Avant aussi, l'humanité n'était d'accord sur rien, mais les très nombreuses voix discordantes (qu'elles soient dans le faux, ou dans le vrai) étaient marginalisées au point de faire apparaître comme un consensus ce qui n'était, en fait, que l'expression de la toute petite minorité de ceux considérés comme les sachants. Internet a brisé ce consensus et fait apparaître - avec les blogs, les réseaux sociaux et tutti quanti -une fragmentation de la connaissance.
(...) « On peut inlassablement faire s'opposer une vision négative et une vision positive de ce phénomène, car les deux sont vraies. C'est la meilleure époque pour être curieux et la meilleure pour être idiot. Le net révèle à la fois le pouvoir des voies traditionnelles d'élaboration du savoir, et le fait que cette élaboration a toujours été le produit d'humains imparfaits qui sont à la fois dans le vrai et le faux. La connaissance ne peut se libérer de cela. Et au final, son seul espoir est que l'humanité s'améliore. »