« Si nous nous y prenons bien, je pense que nous pouvons résoudre tous les problèmes du monde. » Cette phrase prononcée en 2012 par Eric Schmidt, président exécutif de Google, résume la façon dont nombre d’entreprises de la Silicon Valley affirment que le « big data » et les algorithmes ont le pouvoir d’améliorer tous les aspects de notre vie. Pour le chercheur et essayiste Evgeny Morozov, ce « solutionnisme technologique » est une imposture, qui vise avant tout à éviter de débattre des implications politiques et sociales des nouvelles technologies. Abondamment documenté et volontiers provocateur, son livre apporte un contrepoint brillant aux discours glorifiant la révolution numérique.
(...) « Le solutionnisme suppose davantage les problèmes qu’il est censé résoudre qu’il ne les analyse vraiment, obtenant les réponses avant que les questions n’aient été posées ».
(...) « Toutes ces tentatives pour améliorer la condition humaine, réduire nos préjugés en quantifiant tout, contourner les failles de notre mémoire en enregistrant tout (...), nous faire adopter le bon comportement en transformant tout en jeu sont symptomatiques du malaise qu’éprouve la Silicon Valley en face aux imperfections, ainsi que de sa glorification des outils puissants à sa disposition. »
(...) « Si nous ne parvenons pas à trouver la force ni le courage d’échapper à la mentalité de la Silicon Valley - alimentant la plupart des quêtes actuelles d’une perfection technologique , nous risquons de nous retrouver avec une politique dépourvue de tout ce qui la rend souhaitable, avec des humains ayant perdu leurs capacités innée de raisonnement moral (...) et, plus terrifiant encore, avec un environnement social parfaitement contrôlé qui rendrait toute contestation non seulement impossible, mais également inconcevable. »