L'e-book sera à la société postindustrielle ce que l'automobile a été à la société industrielle. A quoi ressemblera-t-il ? Probablement peu à l'image qu'on s'en fait a priori. On aborde le nouveau avec les références et usages de l'ancien, et cela permet quand même d'appréciables progrès … Ces progrès sont intéressants mais mineurs. Il y aura entre l'e-book et les documents connus autant de différences qu'entre une voiture moderne et une De Dion Bouton.
Par exemple, l'enfant qui entre dans l'univers ludique des Pokemon découvre progressivement les personnages, leurs caractéristiques, leurs possibilités. Au fil du temps, il appréciera de disposer par ailleurs d'une structuration de ces données … Cette approche "glob" ne se substitue pas à la première mais la complète, au même titre que se complètent l'induction et la déduction : l'enfant reste libre d'expérimenter ou d'explorer ailleurs …
L'e-book est idéal, mais les projets actuels sont plus classiques, ponctuels. A l'ère industrielle, l'économie de l'information était centrée sur les supports matériels : livre, disque, TV, réseaux ... car les coûts étaient beaucoup dans la reproduction et la distribution. La dématérialisation a mis à mal ce modèle économique.
La notion de bien d'expérience s'impose. En bref : on évalue la valeur d'un bien matériel à partir de son aspect, de ses caractéristiques objectives ou de ses performances mesurables, "on se fait une idée sans y toucher", mais on n'apprécie l'utilité ou la qualité d'un produit culturel ou autre bien d'expérience que quand "on en fait l'expérience". Ce
qu'on en sait ne peut déterminer une décision d'achat. Cette décision dépend de notre connaissance du produit, qui passe par le temps et les relations.